Un Rêve de la Terre
Parti en balade dans les nuages d’une nuit d’insomnie, nuit magnétique, puis éveillé en chemin par une Présence, les évènements se précisent. D’un rendez-vous déjà pressenti au-delà de l’horizon, les êtres distincts de la création, conscients de leur mission, se fondent dans mes cellules. Piraté et exalté, la Charte de l’Âme emplie je remonte le vallon, doté d’une extraordinaire énergie, léger de mon être et allégé de mon matériel d’escalade consciemment oublié dans ma chambre inconsciente. J’avance au-dedans de moi et me voilà très au-delà, déjà largué, plus loin que la mémoire et le temps, plus loin que ce que je vois, comme un amnésique aux yeux éblouis qui filerait droit en dansant sur les chemins autrement habités qui mènent hors.
Un chemin qui conduit aux confins, où l’on puisse oublier dans quel pays on voyage… sur lequel on chemine, allant vers ce qui a touché notre âme et qui s’est égaré le long des jours. Où l’on rencontre de rares voyageurs déjà passés, le chemin de l’esprit libre… aussi large que les pensées qu’il vous inspire.
Personne d’autre ne peut voyager sur ce chemin aujourd’hui que moi-même, il n’est pas loin, il est en moi. Peut-être l’ai-je parcouru depuis que je suis né et je ne le savais pas. Peut-être est-il partout, sur l’eau, sur terre.
Je suis au pied d’une voie de roche calcaire d’un dénivelé de 500 m dont la cotation varie du 3 sup au 5 c. J’y étais auparavant venu —15 jours plus tôt — la tête garnie d’un topo-guide et de dômes aux couleurs d’aurores mais le mirage attendait pour basculer et plonger dans l’aube. Il est temps de se jeter à l’assaut de soi, comprendre ici ce que l’on porte en soi, le passé, l’avenir, sa propre majesté ; si je suis absent de cela, je suis absent de moi. C’est ici que l’on prend conscience,
Attention papy va sévir ! Sindbad le marin métamorphosé en Sindbad le malin… Je suis encore un rêveur salé… Un rapace siffle, tournoyant dans la quintessence de la brise des cimes, un faucon crécerelle au cœur renégat, le messager codé de la Bienveillance, blanc et brun aux ailes; c’est le signe du jour. J’avais déjà appris et compris la nature du treillis de conscience créé et maintenu par la famille des oiseaux et son alliance avec les guides évolutionnaires, les Êtres Solaires, le Peuple des Oiseaux. Selon cet accord ils transmettent une certaine intégrité de fréquence qui maintient sur cette planète un lien avec l’Humanité et sa semence d’origine avant la manipulation génétique. La pureté et l’extase du chant des oiseaux sont, à notre connaissance, ce qui se rapproche le plus du langage universel transcendantal du cosmos… J’aides choses à dire, Faucon cause… Si les subtiles conversations de la nature s’exprimaient par des mots, quel serait le message de ces dessins et de ces motifs qui s’infiltrent silencieusement dans notre univers depuis un royaume supérieur ? Vous regardez, vous écoutez et vous vous fondez dans ce qui vient à vous. Quelque part dans ces courants un message sacré vous est destiné.
Ce sera un beau jour. Je vois comme un archer aux yeux clairs qui suit sa flèche en dansant dans la lumière, dans la lumière pour inventer une réponse à la vie. La première dalle est la plus pathétique ; les spits brillent d’un éclat inoxydable qui aveugle un instant mon mental et un lézard traverse la dalle. Le lézard est un veinard. Je ne suis pas de nature reptilienne et je comprends que le soleil brille pour tout le monde ; le soleil est partout, tout s’éclaire. Comme chez un enfant aux yeux de lumière le Chi s’y met, le voyage du lisse commence sur l’échelle de riche terre. L’art des choix a désormais son importance ; il ne faut pas glisser sur ce graton laveur où une Deva a déposé la rosée de sa beauté humide et finir anéanti comme un fromage de Vache qui Ripe (madame bovin rit), un de ces fromages que lâchent les rousses péteuses des alpages, spécialistes de la tomme crochue qui les sacralise. Des dalles, des dalles, dédales d’adhérences, de cohérences, un cheminement soutenu du silence de pierriers et de pentes verdoyantes, différents ciels, passages avides vers l’existe en ciel du grimpeur, en l’occurrence moi déposé à la polarité des mondes pour y célébrer les éléments vibratoires du corps de l’Être planétaire, notre précieuse Terre, guéri héros guère épais au spasme modique lors d’une rencontre du troisième spit, là où le benêt vole à moins que Miss Terre ne lui confie la Lumière grandissante de son Amour Eternel, qu‘elle lui accorde son pardon, sa chance, qu’elle déclare la nature évolutive de la structure intelligente interactive synthétisant la matière et les puissantes images des royaumes stellaires qui l’habite, qui nous habitent. Equilibre. Si la gravité entraine la chute des corps, elle attire également les pensées de ceux qui se définissent sans se référer à la source.
Non, pas une éphémère ride de ciels d’océans ou de roches, mais une fissure par où entre la lumière. En montagne comme au large océan l’âme est l’essence même et ne l’est pas non plus et l’est encore davantage.
Lorsque je me retourne pour respirer le soleil, pour écouter circulairement ce massif dans son expansion d’uni vert, ces roches calcaires anxio lithiques, ces barres bituriques qui soignent croûte que croûte l’humain en quête d’extase, je perçois la mémoire sensorielle de la guérison par l’ajustement de l’intuition qu’il m’est difficile de décrire par des mots. Mais essayons avec ceux de Ken…
Dans l’Amour parfait,
La tragédie, la catastrophe,
Sont traduits pour ceux qui partent
Instantanément, précisément,
Calmement.
En terme de lumière et de son
Jusqu’à ce qu’ils découvrent
— et ainsi découvrent-ils —
La raison de leur choix.
Pas un moineau n’est tombé au sol
Pas une pensée ne peut plus consciemment
Se poser avec douceur
Aucune vie Humaine ne fut jamais perdue.
Vivez, âmes perdues, vivez
Car vous savez combien ils vous pensent partis
Et combien vous vous êtes élevés librement dans votre vol.
Vivez, âmes perdues, vivez
Car la beauté, l’émerveillement,
La magie avez connus
Ma reconnaissance du voyage de ce jour va à la libération de la compréhension des liens de pesanteur de notre conflit, à la plénitude de l’espace vide de contraintes, cette sensation du défroissement. Tranquille, assis sur un replat de roche à grignoter des graines de cajou — les sandwiches gras savoyards menant inévitablement à la dérive d’incontinents — j’entrai soudain dans le silence intime, dans le développement confiant de mon espace intérieur, un calme vibratoire épanoui à l’extrême de ma sensibilité. Une sensation de débordement allège mon corps qui fulgure d’atomes, je prends conscience d’un processus de transformation, d’une affectueuse et prodigieuse énergie en mouvement dans laquelle et pour laquelle je vis fait éclater la réalité de ma présence ici, je ressens l’éternelle errance avec ce qui restera toujours la lumière, je peux intégrer le sens intime de ‘’Qui crée’’ ou de ‘’Ce qui crée’’ et je vois, comme si subitement je passai la tête à travers les nuages pour aller dans le cœur du soleil grandissant, que le moindre être vivant sensible et exprimé à quelque échelle que ce soit, vit dans cette fréquence. En Inde, dans un célèbre parc fleuri j’avais auparavant vécu un tel moment d’intense guérison, l’accroissement de la jouissance de l’âme et du cœur réunis, la perception du langage de la couleur des fleurs ; quelqu’un, ou quelque chose m’est venu en aide, une partie de moi-même, une source mémoire qui dit la fréquence de notre essence, un cœur invincible. Désormais je sais que le processus tend à ce que le mental s’altère purement et simplement ; il faut accepter la puissance du prodige, sentir l’extraordinaire dessein de l’Être ainsi que l’inévitable ‘’différence’’ physiologique inhérente. Il faut sauter totalement nu, dépouillé des garanties temporelles, la claire certitude que l’immense bienveillance où nait cet univers mérite notre confiance, bien plus que les croyances propres à ‘’l’histoire’’. C’est une diététique de précaution continue. Mon éducation est en permanence à faire et à refaire ; purger l’ADN des intrusions qui bloquent le génial, le précieux processus de déploiement de l’Amour par lequel nous sommes.
Les signes de la pluie et du vent gravés plus profondément dans les dalles de la roche maintenant davantage inclinée, simplifient l’escalade. Epris de liberté sauvage je sors au haut de la voie sous l’arête sommitale, baigné du langage biologique et chimique d’une ère solaire de fleurs des hautes prairies, pure étreinte d’énergie, le Soleil chante la Terre, la Terre chante le Soleil, je vois les corps d’efflorescences colorés vibrer, parfaitement à leur place, je ressens l’essence d’énergie dans tout, ma conscience profondément relaxée sous le vol de deux faucons libres glissant dans l’air chaud de la roche et je reste dans le souffle du vent, mêlé aux migrations des chants, je suis dans le souffle haut, j’aspire de grandes gorgées d’espace : je parle ma langue. Ce n’est pas rien d’être ce mouvement de libération, ce n’est pas rien de changer le requiem de l’âme en formulation d’atomes, en feulement d’herbes, de flammes ou de pierres. Jour en plénitude de fleurs, jour splendide, jour de l’immense soleil, du rire, de l’action.
Voilà, je suis sur l’arête, alors j’arête.
*
Bridges of Shining
Il faut que chacun dise ses expériences, surtout si elles se séparent du système de croyances qui propose d’endosser vos propres responsabilités et vous protège de vous-même, un système de croyances qui le fait à votre place en le détournant. Le choix le plus destructeur qu’une personne puisse faire est d’abandonner son pouvoir de décision.
Il nous faut nous détendre dans l’expression de notre intuition. Il faut qu’au-delà des mots, les Humains et la Terre captent les courants de pensée libre de l’existence pour que nous nous souvenions de l’empreinte de notre nature.
Ce texte est le récit de ma compréhension, les mots sont inspirés de mon expérience directe et de celle écrite d’autres personnes dont les perspectives de processus de pensée ont stimulé ma propre compréhension.
François
Retour
Je marche aux côtés de la soirée tendre qui descend, plus près de la nuit nourricière, nuit des vents du sud, nuit des grandes étoiles… La Nuit viendra après moi, ses millions de soleils, son sommeil, son obscurité rafraîchissante. Je ne savais plus que je contenais tant de qualités et je réexamine certaines valeurs et certains combats ; il se peut qu’ils fassent l’affaire dans les salles de conférences et que pourtant ils ne fassent pas du tout l’affaire sous les ciels abondants ou sous les vastes nuages en face de ce paysage.
J’appelle la terre, j’appelle la mer. Je suis plus vaste et meilleur que je ne pensais. Je ne suis pas celui qui nie. Je crois qu’un jour je pourrai dire que je sais le faire, sourire chaque fois que je regarde dans le miroir, embrasser les fautes et les erreurs qui me font et mes cicatrices me rappelleront combien j’ai toujours été fort
Personne dans le bourg hormis quelques masques humiliés qui rendent les mensonges plus agréables au goût… Il fait froid d’un coup au fond du ventre, quelque chose d’illisible y tressaille derrière les masques. Les composants conditionnels du bien-être exigent la maintenance élevée d’une espèce brutale de prédateurs pour perpétuer cette fausse forme de stabilité sur la corde raide de la survie entre le berceau et la tombe. Toute la morale que l’on nous vend avec ses longs cils de bébé-phoque, avec son roi d’évêque analysé, avec sa camisole de farce télévisée, toute la morale que l’on nous vend est un neuroleptique, tisane du piètre, tison mourant, théine éventée et atone qui changent le sang en cendre, la passion en passoire et le jus des couilles en gomme pasteurisée. Je n’ai pas signé le pacte que beaucoup ont signé, je n’ai rien à voir avec ce système, pas même assez pour m’y opposer. Ce n’est pas par leur architecture mais plutôt par la puissance de leur pensée abstraite que les nations devraient essayer de se perpétuer dans la mémoire des hommes. Il existe des terres au-dehors, au-delà de ces couloirs culturels qui limitent nos consciences de l’identité des mondes, des terres où les cris de l’Amour dépassent les crocs de la haine.
La Majesté, l’Amour.
« Peut-être l’idée est-elle d’aller jusqu’au bout de soi-même, territoire où le temps se convertit en espace, où les choses apparaissent dans toute leur nudité, où le vent souffle anonyme » Kenneth White
Et puis, dites-moi, c’est quoi un homme ? C’est quoi, moi ? Quoi, vous ?
Moi dans le miroir
Qui que tu sois, je crains que tu ne suives le sentier des
rêves ;
Je crains que ces réalités illusoires ne fondent sous tes pieds
et entre tes mains ;
Dès maintenant, je vois se détacher de toi tes traits, tes
joies, ton langage, ta maison, ton négoce, tes manières,
tes soucis, tes folies, ton déguisement, tes confusions ;
Ton âme et ton corps véritables m’apparaissent,
rejetant derrière eux affaires, commerce, boutique, travail,
ferme, vêtements, maison, achats et ventes, manger
et boire, souffrance et mort.
Qui que tu sois, je pose ici ma main sur toi
En hommage à Juliet et Jiva Carter, Chantal Mauduit, Ken Carey, André Velter, Walt Whitman, Henry David Thoreau